Voilà une génératrice de psybonheurs, une série télé comme il ne s’en fait plus. Je me rappelle que ce texte avait été lu, en grande partie, à la radio – à une station dont je ne me souviens plus – parce que j’avais répondu à leur question : Que pensez-vous de la finale de Minuit, le soir ? 1
Ce texte a été publié pour la première fois, le vendredi 30 mars 2007, sur mon blog Parole de Psy.
Hier, 10 heures, le soir. Je suis en état de choc ! Quelle finale ! Le générique n’a jamais été suivi d’un silence aussi long. Je suis confus dans ma tête et dans mon cœur. Pourquoi une telle fin alors que tout se dirigeait vers un happy-end bien mérité. Après tant de noirceur, on nous avait promis de la lumière. J’avoue avoir été choqué contre les auteurs Claude Legault et Pierre-Yves Bernard. Me disant qu’ils n’ont pas le droit de me faire subir une telle déception après m’avoir fait vivre autant d’émotions pendant trois ans. Je me suis couché fâcher et déçu, en me demandant même si je n’avais pas surestimé cette série extraordinaire.
Hier, Minuit, le soir. Je me réveille en larmes. C’est trop injuste pour Marc, Fanny et les autres. J’ai du mal à l’accepter, à commencer le deuil. Peut-on traverser un si long désert parsemé d’embûches, être submergé d’espoir à la vue d’une oasis et mourir en constatant que ce n’était qu’un mirage ? Eh bien oui. Et c’est la raison de l’émotion qui m’envahit : le bonheur est si fragile et fugace qu’il faut le saisir en plein vol et espérer le ressentir encore lors de notre dernier souffle. Je comprends pourquoi je pleure, et pourquoi ça me fait paradoxalement du bien.
Aujourd’hui, 8 heures, le matin. J’ai le goût de partager mes impressions sur cette superbe série. Ça faisait du bien d’entendre parler pour une fois des vrais hommes : de chairs, de larmes et de sang. On n'a jamais décrit et dépeint aussi bien les hommes de ma génération. Merci aux deux auteurs de génie pour leurs trouvailles exceptionnelles : je pense au psy de service qui m’apparaissait particulièrement compétent malgré ses conditions de pratique, la façon de donner un nom aux animaux et la malédiction qui planait sur ceux-ci jusqu’à la fin – comme tout le monde, je ne pensais qu’à la vie du chiot avant le drame – et surtout pour quelque chose que j’aimerais bien partager avec les trois mousquetaires de Minuit, le soir : une grosse boule d’amour !
Merci à vous quatre : – tout le monde sait que les trois mousquetaires sont toujours quatre – le p’tit (Marc Legault), bon comme toujours, que ce soit à bord d’un vaisseau, au milieu d’une patinoire de la LNI ou à la porte d’un bar ; le gros (Louis Champagne), acteur magnifique qui gagne à être connu ; le vieux (Julien Poulin), qu’il a fait bon de voir dans un rôle à mille lieues de son célèbre Bob ; et la fille (Julie Perreault), toujours aussi belle et sensuelle, forte et fragile à la fois. Merci pour votre jeu impeccable et troublant. Merci aussi à Podz, ce grand réalisateur qui a su, avec originalité et innovation, illustrer à la perfection grâce à ses jeux d’ombres et de lumière, ses pas en avant et ses retours en arrières, la complexité des tourments intérieurs de chacun des personnages et des situations qu’ils devaient rencontrer.
Aujourd’hui, 9 heures, le matin. Je n’en peux plus d’attendre. Je rêve d’avoir en cadeau un coffret de la trilogie aussitôt qu’il sortira (je l’espère !). Je ne peux qu’encourager tous les hommes de quarante ans (et des piges) à se procurer les trois saisons de la série qui, si vous les regardez en rafales, vous feront vibrer du cœur et songer de la tête bien au-delà de Minuit, le soir.
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Notes, références et légendes des figures (numérotées de haut en bas)
Fig. 1 : Photo promotionnelle de Minuit, le soir1 sur le site de Zone3 : https://www.zone3.ca/fr/productions/51/minuit-le-soir
1: Minuit, le soir est une série télévisée québécoise en 37 épisodes de 23 minutes, diffusée entre le 12 janvier 2005 et le 29 mars 2007 sur Radio-Canada. Plus de détails sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Minuit,_le_soir