Ce confinement dû à cette pandémie à l’échelle planétaire m’a fait découvrir (ou redécouvrir) beaucoup de choses sur moi-même, mes habitudes, mes valeurs et mes talents. Voici une liste non exhaustive et non classée de celles-ci :
- Un de mes proverbes préférés (réinventé depuis fort longtemps) n’a jamais été aussi utile : «Pourquoi remettre à demain ce que l’on peut… remettre au surlendemain!» – et mon sapin de Noël est encore là pour en témoigner.
- Mon horaire habituel est tout à fait adapté à la situation : Lever, douche, déjeuner, travail/projet, dîner, travail/projet, sieste, projet, souper, travail/projet, tv, collation, tv, dodo.
- J’ai perdu toute motivation pour les travaux ménagers depuis que je ne peux plus recevoir de visite (ne les cherchez donc pas dans le point ci-dessus – ni dans tous les autres d’ailleurs, ci-dessous).
- Que le mot projet peut être utilisé à toutes les sauces : dessiner, peindre (une toile ou un plafond), lire, écrire, faire des montages vidéo ou photos, apprendre à utiliser de nouveaux outils (voir plus bas), publier sur mon site ou sur Facebook, faire plaisir à ma femme, réfléchir par moi-même ou concocter une nouvelle sauce.
- J’aime apprendre à utiliser de nouveaux outils : un fouet, une perceuse réversible, le gestionnaire de Joomla, l’onglet caché de word – le «développeur» pour créer des formulaires – et d’autres bébelles technologiques (voir plus bas).
- J’aime ma femme et je me sens aimer d’elle, parce qu’il faut s’aimer pour passer autant de temps ensemble et avoir encore envie de se voir, de jouer, de rire et pleurer, de s’aider (pour apprendre de nouveaux outils par exemple), de se faire des câlins et de discuter de tout ce que l’on vit dans un contexte aussi anormale que celui que nous traversons aujourd’hui.
- Je m’ennuie, parfois à en pleurer, de toutes ces personnes qui comptent à mes yeux, en commençant par mon fils.
- Je suis heureux de découvrir autant d’outils merveilleux jamais utilisés auparavant : Skype, Zoom, Face Time ou le téléphone ;)D
- Il peut être ardu et compliqué (parfois même enrageant) d’organiser un souper ou une soirée de jeux en téléconférence, mais ô combien drôle!
- Qu’il n’y a jamais assez de temps pour faire tout ce qu’on a vraiment envie de faire.
- Et que malgré le point ci-dessus, faut prendre notre temps pour faire pleinement, lentement, intensément ce que l’on aime.
- La solitude a plusieurs vertus dont celle d’apprendre à te connaître toi-même – Platon et Freud sont fières de moi! – et celle de réaliser quelles personnes comptent le plus à tes yeux – tous les adeptes de la Matrice de l’ACT sont fières de moi!
- J’en connais davantage sur l’usage des sigles (incluant les acronymes), notamment comment s’en servir efficacement dans une phrase (voir le point ci-dessus) LOL.
- Je n’aime pas plus qu’avant regarder, entendre ou lire les informations journalistiques sous toutes ses formes.
- Être un peu surpris de constater que malgré une crise sanitaire planétaire, les Martineau, Bombardier et autres grandes gueules pas de classe de ce monde ne changent pas.
- Réalisé que mes séries préférées du moment, celles que je regarde seul avant de me coucher, parlent toutes de virus, de survie et de bouleversements sociaux planétaires ou interplanétaires (The walking dead, The expanse, The 100, etc.) et comprendre pourquoi je fais des cauchemars bizarres dont l’un d’eux mettait en scène une guerre d’enfants qui se lançaient des rouleaux de papiers de toilette – Ah! Non, celui-là c’est après avoir vu les infos.
- Je m’ennuie de mes longues promenades en auto, non pas parce que je ne peux plus en faire, mais parce que je n’ai plus de destination particulière (occasion d’aller visiter un ami par exemple), alors que, étrangement, je suis un adepte de la maxime « Ce n’est pas la destination qui compte, c’est le voyage! » et un spécialiste du chemin des écoliers.
- Je m’ennuie aussi de mes promenades en auto parce que j’aime ma playlist musicale et que c’était surtout en conduisant que je l’écoutais.
- Je m’ennuyais aussi de mes repas au restaurant, jusqu’à ce que mon relevé de carte de crédit me fasse sourire de bonheur et de sérénité.
- Je découvre que la vie est un perpétuel changement et qu’il ne faut pas résister à celui-ci pour continuer à découvrir de nouveaux plaisirs comme:
- écouter de la musique dans son salon,
- manger du pain des Boulangerie St-Méthode au quinoa,
- faire une sieste sur le sofa ou mes clients s’assoyaient avant – et voir le point de vue qu’ils ont habituellement de mon bureau,
- avoir le goût de modifier la décoration de mon bureau mais être rassurer par le fait que plus rien ne presse maintenant,
- nettoyer ingénieusement son épicerie avant de la ranger,
- ouvrir un sac de plastique pour les légumes sans humecter ses doigts…
- Découvrir le plaisir de faire une liste dans une liste et se dire naïvement que c’est ça la « mise en abyme » – puis découvrir toutes les manières de l’écrire grâce à Google, comme abîme ou encore, plus rarement, abysme (tellement rare que mon correcteur ne l’aime pas!).
- Ressentir une joie intense qui m’amène les larmes aux yeux quand je croise quelqu’un de vivant qui me sourit même si nous devons appliquer des mesures strictes de distanciation – même si cela nous révèle brutalement que nous jouons une pièce de Bertolt Brecht.
- Avoir le temps de s’attarder à des concepts comme celui de la distanciation, la simplicité volontaire, la fragmentation ou l’individuation du soi, la synchronisation, la grande singularité ou l’enfile-aiguille.
- Réaliser que même si j’ai moins d’obligations de ce temps-ci, je n’ai pas plus envie de m’occuper de mon gazon qu’avant.
- Prendre conscience que cette liste pleine d’humour commence à être longue et fallacieuse – et être bombardé instantanément par d’autres prises de conscience anodines comme :
- J’ai réussi à placer pleine et conscience dans la même phrase sans parler de méditation,
- C’est fastidieuse que je voulais écrire et non fallacieuse (même si j’aime plus ce mot là pour ses connotations sexuelles),
- Je ne suis pas sûr que quelqu’un soit encore en train de me lire,
- Mais en même temps, je me dits qu’ils n’ont rien d’autre à faire ou qu’ils m’aiment beaucoup.
- Découvrir qu’une liste comme celle-ci peut vraiment être sans fin et tourner tout à coup mes yeux au ciel à la recherche d’un chien volant…
- Découvrir à travers mes notes de formation en psychologie corporelles que la caractéristique d’avoir de la difficulté à terminer quelque chose (comme cette liste) est typique des gens qui ont autant peur de l’abandon que de l’envahissement.
- Conclure que cette quarantaine forcée provoque exactement cette ambivalence de peur; autrement dit, je suis en partie heureux de ne pas recevoir de visite (comme Lynda Lemay) mais en partie triste de vous sentir si loin et d’avoir envie de chanter que, de ce temps-ci, « Le monde est [trop] virtuel » (comme Serge Fiori).
- Avoir envie d’ajouter autre chose, juste pour arriver avec un chiffre rond, pour satisfaire le « Monk » en moi.
- … finir par un petit silence (enfin !) en espérant vous avoir fait sourire et vous avoir fait sentir comment je vous aime ! – vous, les humains qui on prit le temps de me lire jusqu’à la fin !