Notre corps, par les cinq sens que nous connaissons – et peut-être même par d'autres sens que nous ne connaissons pas encore – perçoit des milliers d'informations dont nous n'avons qu'en partie conscience car, c'est bien connu, plusieurs nous échappent malgré toute la vigilance dont nous sommes capable. Il est tentant de croire que nous pourrions davantage comprendre l'univers qui nous entoure si nous étions capable de prendre conscience, en même temps, de tous les éléments qui compose une expérience complète.
Pour l'instant, si vous êtes humains – et vous l'êtes certainement – vous devez vous contenter de vivre avec la conscience d'une certaine fraction seulement de votre expérience. Certains d'entre-vous, par exemple, se rappellent davantage des visages, alors que d'autres n'oublient jamais un nom ou un numéro de téléphone. Chacun a sa façon de percevoir la réalité, avec ses limites et ses filtres. Voilà pourquoi, devant un problème, il nous est souvent difficile de trouver une solution satisfaisante : il nous manque une partie de l'expérience problématique.
En tant qu’intervenant, je me suis toujours dit que la meilleure façon d'aider une personne en difficulté était de lui offrir des alternatives à ses tentatives de solution. J'ai toujours cru que chacun pouvait trouver en lui les solutions à ses problèmes si on l'aidait à en prendre conscience. Après quelques années d'expérience, je me rends compte que j'ai toujours mis en pratique ce que, de nos jours, on est en train de démontrer à travers les recherches en psychologie.
Je me pose maintenant la même question fondamentale de Danie Beaulieu : Si nous savons que l'être humain apprend, s'adapte ou change à partir de ce qu'il entend (auditif), de ce qu'il voit (visuel), de ce qu'il sent (odorat) et de ce qu'il ressent (toucher), pourquoi continuons nous en tant qu'intervenant à nous limiter au langage verbal ? Ne serions-nous pas davantage efficace en utilisant du matériel visuel ou en mettant nos clients plus souvent en motion ? Absolument, car en multipliant nos types d'interventions, nous risquons de redonner à la conscience d'un individu, la partie de l'expérience qu'elle avait égarée. Autre avantage, "en multipliant les types d'interventions, non seulement nous respectons davantage le mode d'apprentissage de chacun, mais nous obtenons aussi plus d'impact" (Beaulieu, 1997, p.3).
Ainsi, "Les pages de M. Psytami" repose sur les deux grands principes décrits ci-dessus ; pour aider davantage quelqu'un en difficulté, il faut varier les types d'interventions de façon à :
- Créer un impact en utilisant les mêmes schèmes de perception privilégiés par l'individu ;
- Rendre conscient de nouvelles solutions à travers les schèmes de perception les moins utilisés par ce même individu.
Ainsi, je pense qu'une image, une photo ou un paysage peut instantanément modifier notre état d'âme, aussi bien parfois qu'une belle parole d'encouragement. Vous avez probablement tous remarqué comment une bonne blague peut provoquer un fou rire réparateur, comment un poème éveille en nous des émotions depuis longtemps inhibées, comment une scène dans un film nous fournit une réponse inespérée à un de nos questionnements ou comment encore une mélodie peut provoquer un état de détente qu'on ne réussissait pas à atteindre autrement...