JOSÉ : « Leur sociabilité est calme mais positive. Lorsqu'ils vous reçoivent, c'est pour vous associer à la vie du foyer, et non pour vous étonner par quelque réception fastueuse. Leur volonté et leur moralité sont à la hauteur de leurs ambitions profondes.
Leur chance est bonne, mais, pour eux, réussir, ce n'est pas dominer les autres, c'est les amener à participer à la construction d'un monde nouveau. Quelle joie de marcher à leur côté, et de les écouter parler de l'avenir tranquille et sûr qui est le leur […] Nous avons affaire à des êtres de grande valeur, forts, sages, et d'une richesse de personnalité remarquable. Alors, nous vous en prions, ne les appelez pas Jojo ! » (Un prénom pour la vie) 1
Ligne de vie en accéléré (l’artiste)
Pour me présenter un peu plus, voici l’extrait d’un texte2 (de 2016) présenté dans l’un de mes cours d’art-thérapie qui consistait en l’analyse du processus de création de mon premier film d’animation.
« Lors de l’exposition de ma création et pendant la préparation pour mon exposé oral, j’ai réalisé comment mon film était une véritable ligne de vie de l’artiste que je suis, et comment ce côté artiste s’est manifesté lors des grandes étapes de ma vie personnelle.
Tout a commencé avec la mort de mon père quand j’avais 3 ans (septembre 1967), alors que, déjà, ma mère m’encourageait à la créativité comme en témoigne l’un de mes premiers gribouillis. Ma mère, dépressive et instable, est devenue mon seul modèle avec, comme M. Mini-Wheat, son côté nutritif (responsable, raisonnable, au service des autres) et son côté givré (marginale, drôle, créative, imaginative). Toute mon enfance, j’ai alterné entre ces deux côtés, l’élève modèle (recherche d’approbation) et le rêveur (fuite dans l’imaginaire).
Dans les années 80, j’ai commencé par mettre l’accent sur mon côté givré en allant au cégep en arts plastiques. Puis, je suis retourné du côté nutritif en faisant mes études universitaires en psychologie : fallait-bien que je gagne ma vie ! Mais je pense être resté de ce côté-là trop longtemps : délaissant beaucoup l’artiste en moi, je suis devenu mari (1989), père (1990) et psychologue (1991). Évidemment, je créais de bien d’autres façons (je considère mon fils comme ma plus belle création), mais l’art me manquait. J’aurais bien aimé faire de l’art-thérapie mais, à l’époque, il n’y avait que des formations en anglais.
J’ai vogué pendant plus de 20 ans du côté nutritif, jusqu’à ma crise de la quarantaine qui coïncide avec le décès de ma mère (2004). Je réalisais cette coïncidence seulement en préparant mon exposé oral. Et maintenant que j’analyse mon processus, je réalise que si j’ai changé à ce moment-là, c’était pour ne pas mourir comme ma mère qui s’est en quelque sorte tuée à l’ouvrage, à force de s’occuper des autres plutôt que d’elle-même.
Je me suis mis à penser un peu plus à moi : j’écris des nouvelles de science-fiction et de la BD avec mon personnage de M. Psytami (2005), je prends des cours de théâtre (2007), je m’initie à l’infographie (2008), je deviens co-fondateur d'Osmose – Café des arts pour la relève artistique multidisciplinaire (2009), je participe à ma première exposition collective (2010), j’assiste mon fils dans une mise en scène (2011), je deviens joueur dans la SOIPHE (la ligue d’improvisation co-fondée par mon fils) et je commence mon microprogramme en art-thérapie (2012).
Sans que j’en prenne conscience sur le moment, j’ai utilisé dans mon film d’animation au moins une image qui témoigne de chacun de ces moments importants de ma ligne de vie. »
DRAGON DE BOIS
« Idéaliste, assez naïf, ce Dragon manque de jugement. C’est un grand rêveur, un artiste talentueux, qui a sans cesse besoin d’être poussé, stimulé, encouragé. Il est sujet à des angoisses. Seul un entourage honnête et positif pourra faire de lui un être épanoui, car il manque de force intérieure et de motivation. […] romantique, ce Dragon plaît beaucoup aux dames. Il a tendance à en abuser d’ailleurs! Ce côté papillon ne fait pas son bonheur pourtant. Dans le mariage, il est attentionné, tendre et compréhensif. Les brusques changements d’humeur qu’il impose à sa femme sont toutefois difficiles à supporter. » (Astrologie chinoise, tome 1) 3
L'HOMME DERRIÈRE M. PSYTAMI
M. Psytami (voir sa section ici) est une pure invention, un personnage important de ma BD du même nom et d'une de mes nouvelles de science-fiction. Il est le psy farfelu en moi, un alter ego qui a sa propre vie. Il ne parle jamais en tant que psychologue, même s'il s'inspire parfois d'un vrai psy. Comme lui, je crois que le hasard et les coïncidences de la vie nous amènent plus sûrement à destination que toutes nos bonnes intentions et planifications. Pour vous démontrer un peu d'où me vient cette croyance, je vais me citer en exemple car, croyez-le ou non, tout mon cheminement professionnel (voir ci-dessous) s'est fait au gré du hasard. Mais détrompez-vous, je ne suis pas en train de dire que je ne participe pas aux décisions importantes de ma vie ou que je me laisse guider par les autres ou les événements au gré du vent, je veux simplement dire que j'ai toujours fait le choix (inconscient au début) de me fier à mon intuition.
« José, Joseph... Celui qui passe. Ceux qui portent ces prénoms sont des hommes qui viennent d'un point précis et vont vers un autre point bien défini. On pourrait dire, en utilisant le vocabulaire de la géométrie, que ce sont des vecteurs orientés. Ils savent ce qu'ils veulent, même si nous ignorons ce qu'ils font, et finalement ce type de caractère est un des plus mystérieux qui soit. C'est l'homme du renoncement, doté de possibilités souvent remarquables, et qui sait dominer sa personnalité pour se mettre au service d'une cause ou d'une collectivité. Il a un caractère équilibré, et on a l'impression à l'entendre et à le regarder vivre, qu'il est porteur d'un message, comme son animal totem, la tourterelle, qui revient vers l'arche, messagère de la fin du déluge et du printemps retrouvé. » (Un prénom pour la vie) 1
VERSEAU
« Voilà bien le signe des gens d’esprit : la curiosité du Verseau, frottée d’anticonformisme vrai, lui fait reconnaître les idées fortes et rares, les expressions et les techniques neuves, voire d’avant-garde ; et son intuition le guide vers les formules de l’avenir. Sa fantaisie de voyageur intellectuel et sa quête de l’inédit peuvent même le mener à l’inconstance. On le croyait encore là, il est déjà ailleurs. […] Le fond optimiste du Verseau l’incline vers la réforme. Ce n'est point un terroriste mais il rêvera de changement si l’ordre des choses ne lui paraît pas conforme à son sens de la justice. […] Liberté, autonomie, telle est sa loi. Sociable, il ne craint pas de s’isoler. Ce verseur d’eau n’apprécie guère les compromis, se montre tranché dans ses jugements et peu enclin à l’indulgence. Et pourtant, les autres l’aiment. Car il est digne d’être aimé, cet altruiste détaché, capable d’un dévouement qui n’attend pas une reconnaissance excessive. » (C’était ce jour-là… 19 février) 4
Vision personnelle d'un cheminement professionnel (le psy)
Je me souviens d'un grand barbu aux longs cheveux frisés qui gesticulait constamment au beau milieu de la classe d'enseignement religieux. C'était un professeur d'histoire, de mathématiques ou de musique, qui avait été forcé de se recycler en « prêtre » par le jeu de chaise musicale mensuel de l'époque : 1977. J'étais en secondaire II, à la polyvalente Jeanne-Mance, près du Parc Lafontaine à Montréal. Je me rappelle très bien ce que le prof avait écrit sur le tableau vert avec la craie blanche qui poudrait ses mains et ses pantalons de velours côtelé : Orale, Anale, Phallique. Et vlan... Je venais d'être perverti par les fantasmes de Sigmund, en particulier, et la psychologie en générale.
Pourtant, c'est en arts plastiques que je m'inscrivais au Cégep du Vieux-Montréal, le dessin étant ma plus grande passion depuis... mon complexe d'Œdipe. J'y ai passé quelques-unes de mes plus belles années et j'y ai découvert la beauté et l'émoi (mes premiers ravissements de jeune adulte devant de superbes modèles nues... en chair et en os !).
Par contre, au bout de deux ans, le hasard s'acharna sur moi par le biais des commentaires de mes professeurs. D'une part, mes profs d'art trouvaient mes œuvres un peu trop « auto-analytiques » à leur goût alors que, d'autre part, mes profs de philosophie (discipline obligatoire à l'époque, Dieu merci !) me ramenaient à mes interrogations fondamentales sur l'être humain, sa nature et sa santé mentale, à travers les textes de Rousseau, Marx, Nietzsche, Jung et... Freud ! Je ne pus résister longtemps à la tentation, d'autant plus que mon entourage mettait de la pression pour que je réussisse dans la vie. Je décidai donc, un beau jour de printemps, d'écouter la voix de la raison (de leurs raisons, dans un premier temps) : « Je gagnerai probablement mieux ma vie comme psychologue que comme artiste tourmenté (j'ai toujours été empreint d'une certaine naïveté). »
Je prolongeai, par choix (conscient du plaisir d'être un cégépien insouciant), mon séjour au Vieux-Montréal, pendant un an complet. Je voulais me plonger dans un monde qui n'en finissait pas de m'émerveiller : la psychologie du développement avec Freud et Piaget en tête de liste ; la psychologie sociale, impressionné par les expériences de Milgram sur le conformisme et la soumission à l'autorité (voir Leyens5, 1979) ; et la psychothérapie « non-directive » ou « centrée sur le client » de Rogers (19686, 19767), qui allait constituer (sans le comprendre à l'époque), avec ses notions d'empathie et de liberté pour apprendre, l'embryon de ma propre pratique professionnelle.
Puis vint le bac en psychologie à l'Université de Montréal où je me concentrai particulièrement sur : la psychologie de l'enfant, l'étude de la créativité, l'utilisation de l'informatique en psychologie et les différents outils d'évaluation que j'utilise encore aujourd'hui tels les tests d'épreuves intellectuelles et le test projectif probablement le plus reconnu (sans être pourtant le mieux nommé), celui des taches d'encre... le Rorschach !
Parallèlement à ces études plutôt sérieuses, je me détendis en participant à plusieurs ateliers d'art thérapie et au congrès de l'AQTA (Association québécoise de la thérapie par l'art). Comme M. Mini-Wheat, cela me permit d'intégrer mon côté nutritif (la science) et mon côté givré (l'art) à ma compréhension (et plus tard à ma pratique) de la psychologie humaine.
C'est le hasard qui décida du programme que j'allais suivre pour la maîtrise. Alors que je choisissais l'intervention auprès des enfants (avec un cadre théorique plus psychanalytique), on m'accepta plutôt en clinique behaviorale (la TCC) pour adulte. Quel choc des cultures ! Tout ça parce que j'étais resté fidèle à moi-même toute ma vie d'étudiant : de la maternelle jusqu'au baccalauréat, j'ai toujours eu une moyenne générale de 80%. Il me manquait quelques points pour être accepté dans le groupe contingenté des pédopsychologues.
Voilà comment je suis devenu un psychologue behavioriste-cognitiviste même si je ne comprenais rien au langage des renforcements et du conditionnement classique (la boîte de Skinner et la bave de Pavlov me semblaient loin... très loin !). Ce fut tout de même une des plus belles surprises de mon cheminement. Je constatai rapidement que les comportementalistes pouvaient être aussi humains que les humanistes et que je pouvais amadouer et « faire mienne » leur méthode un peu plus directive. Évidemment, je fus davantage séduit par le côté cognitif de l'approche : la pensée vue comme un comportement que l'on peut modifier. Je fis donc l'apprentissage de plusieurs techniques que j'utilise encore aujourd'hui : restructuration cognitive, arrêt de pensée, confrontation des idées irrationnelles, relaxation, affirmation de soi, etc.
Ce saut dans une nouvelle approche ne me laissa pas en reste avec les autres approches, mes travaux dirigés (un semblant de thèse en moins compliqué... pensais-je naïvement !) me permirent de continuer à côtoyer l'approche psychodynamique, la créativité, et l'utilisation clinique du Rorschach. C'est ainsi que je commençai à me définir comme un éclectique (même si cela avait une connotation péjorative comme « faire n'importe quoi ou ne pas savoir ce que tu fais ») et à m'identifier à... M. Mini-Wheat !
En 1991, je suis devenu membre en règle de la « corpo » (la corporation rebaptisée plus tard l'Ordre des psychologues du Québec). Enfin ! J'allais avoir une job convenable et payante ! Quel naïf ! Je dus me contenter pendant quelques années de petits contrats ici et là pour des cliniques ou des garderies et d'un poste de bénévole psychologue pour l'Association des grands frères et grandes sœurs de Montréal.
En 1992, le hasard, ma raison, mon portefeuille et mon estomac me poussèrent à répondre à une annonce dans le journal. C'est ainsi que je suis devenu (temporairement, pensais-je), un « éducateur » au centre de réadaptation Pavillon Bois-Joly (affilié par la suite au Centre jeunesse de la Montérégie). J'y suis resté 8 ans ! Charmé par une clientèle attachante, les adolescentes, par des collègues intéressants, qui ne cessèrent jamais de me prendre pour un psy, et par l'approche systémique, à peine effleurée jusque-là. Le psy devint donc un éducateur, un animateur, un thérapeute familial et un intervenant psycho-social, avant de devenir un véritable psychologue.
Ma pratique en bureau privé, qui s'intensifia à partir de 1996, me décida enfin à m'y consacrer complètement en avril 2000. J'abandonnai le métier d'éducateur non sans regret de perdre de vue des amis fidèles et le groupe de jeunes auquel j'étais attaché. Mais ce départ me permet actuellement de me concentrer davantage sur mon cheminement professionnel et d'intégrer plus consciemment les nouveaux types d'intervention qui me stimulent depuis plusieurs années : la programmation neurolinguistique et les méthodes Ériksoniennes (Cayrol & De Saint-Paul, 19848) ; les thérapies brèves orientées vers le choix et les solutions (Cabié, M.C. & Isebaert, L., 19979) ; et finalement, la thérapie d'impact (Beaulieu, 199710).
Où en suis-je maintenant ? Je tente d'intégrer dans ma pratique privée tous les courants qui m'ont influencé jusqu'ici. Et, en quelque sorte pour faciliter cette intégration, je travaille sur Les pages de M. Psytami. Mes lectures, mes recherches sur le net ainsi que mes nombreuses discussions et expérimentations avec mes amis-collègues constituent le noyau de ma formation continue à laquelle, éventuellement, mes psycopains contribueront grandement en partageant leurs expériences personnelles...
José St-Louis (mars 2001).
À suivre dans : Bio-1: Autobiographie d'un journal intime
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Notes, références et légendes des figures (numérotées de haut en bas)
Fig. 1 : Image extraite du film d’animation de José, Comme un fou, comme un sage, naît l’homme nouveau, dont il parle dans son travail d’analyse2.
Fig. 2 : Gif animé créé par José à partir des figures 3 et 4, en septembre 2000.
Fig. 3 : Montage infographique de José à partir de ses dessins et de ses photos personnelles, en août 2000.
Fig. 4 : José avec Pikachu (dessiné par José en collaboration avec son fils de 9 ans), en juillet 2000.
1 : Le Rouzic, P. (1978). Un prénom pour la vie, Éditions Albin Michel, p. 291.
2 : St-Louis, J. (2016). Comme un fou, comme un sage, naît l’homme nouveau (Mon processus créateur sur l’illustration de mon processus de vie). Travail d'analyse présenté à Johanne Hamel comme exigence partielle du cours ATH 2016 – Le processus de création artistique en art-thérapie. Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Texte inédit.
3 : Astrologie chinoise, tome 1. Auteur inconnu (19 - -). Éditions Récré Ltée., p. 14 et 89.
4 : C’était ce jour-là… 19 février. Collection dirigée par Pierre Marchand et David Campbell (1997). Gallimard jeunesse, p. 12-13.
5 : Léyens, J.-P. (1979). Psychologie sociale. Pierre Mardaga, éditeur, Bruxelles.
6 : Rogers, C.R. (1968). Le développement de la personne, Dunod, Paris. Traduction de : On Becoming a Person, Houghton Mifflin Co. 1961.
7 : Rogers, C.R. (1976). Liberté pour apprendre ? Dunod, Paris. Traduction de : Freedom to Learn, Charles E. Merrill Publishing Co. 1969.
8 : Cayrol, A. & Saint-Paul, J. (1984). Derrière la magie - La programmation neuro-linguistique (PNL), Intereditions.
9 : Cabié, M.C. & Isebaert, L. (1997). Pour une thérapie brève : le libre choix du patient comme éthique en psychothérapie. Collection Relations, Éditions Érès.
10 : Beaulieu, D. (1997). Techniques d'impact : pour intervention en psychothérapie, relation d'aide et santé mentale. Éditions Académie Impact.
N.B. : Le texte ci-dessus est basé sur une histoire vraie. Cependant, n'oubliez pas que :
1) mes avertissements généraux s'appliquent aussi aux textes de cette section ;
2) il s'agit de ma propre vérité, à partir de mes points de vue et jugements personnels du moment ;
3) la mémoire est toujours un processus de reconstruction mentale et une faculté qui oublie ;
4) presque tous les personnages ont des noms fictifs.