En 69, j’avais treize ans
Deux rues, trois amies
Une guitare, tout mon temps
Des grands rêves, un journal
Une peine d’amour
Des jeans patchés
Un signe de peace en v’lours 1
Ok Boomers ! C’est assez ! Je dois vous le dire : merci !
J’ai de la difficulté à voir les jeunes d’aujourd’hui (générations Y et Z) et les Baby-Boomers se manquer de respect comme ils le font sur les réseaux sociaux. Ce conflit ouvert me met mal à l’aise. Principalement, parce que, de mon point de vue à moi, digne représentant des X (la génération oubliée), je les admire pour ce qu’ils ont en commun : leurs grandes batailles. Les jeunes d’aujourd’hui se battent pour provoquer des changements (surtout contre les politiques climatosceptiques, les inégalités socioéconomiques, le racisme systémique, la discrimination sous toutes ses formes, etc.) comme les jeunes de 1969 le faisaient à leur époque pour des causes similaires (contre la guerre du Vietnam, pour les droits et les libertés civiques, contre le racisme et l’homophobie, pour les droits de la femme, etc.).
Qui étaient ces jeunes manifestants de 1969 (âgés de 9 à 26 ans à l’époque) ? Nos Boomers de 2023 (qui ont de 63 à 80 ans aujourd’hui). Hier, ils bousculaient leurs aînés, aujourd’hui, ce sont eux les aînés que l’on dérange. Et demain, dans 50 ans, ce sera à votre tour d'être contestés, vous, les jeunes (devenus les nouveaux vieux), même si vous aurez contribué à sauver la planète – enfin, c'est ce que j’espère !
Il me semble que vous avez tellement de points en commun tous les deux, Boomers et milléniaux, dommage que vous ne vous en souveniez pas.
Moi, je m’en souviens. Je me souviendrai toute ma vie d’avoir marché avec les uns et leur Front commun intersyndical, le 11 avril 1972 (à l’âge de 8 ans), et avec les autres, 40 ans (et 11 jours) plus tard, contre la hausse des frais de scolarité et pour la Journée de la Terre, le 22 avril 2012.
Souvenirs retrouvés
Vingt ans et rien n’a vraiment changé
Une rose sur la joue (tou-lou-tou-tou)
Un voyage sul’ pouce
Un trip à Katmandou
À Woodstock, ils ont arrêté la pluie
Le Vietnam aeternam et ses fusils 1
Après avoir relu ces pages de mon journal qui parlent du référendum de 1980, j’ai eu envie de faire un retour en arrière plus macroscopique. Je me suis demandé dans quelle société j'étais né et j’avais grandi. En fait, je me suis demandé dans quel monde vivaient mes parents quand je suis arrivé. Et pour bien le comprendre, j’ai cherché sur internet les grands événements, entre 1959 et 1969 (1964 +/- 5 ans).
Je suis d’abord passé par Wikipédia 2, puis je suis tombé sur un site français sur les agendas 3 qui essaie de parler d’histoire internationale sans dire grand-chose sur le Québec – nous ne sommes toujours pas un pays après tout ! Par chance, ma femme m’a fait penser de regarder un documentaire en 4 parties sur YouTube qui raconte notre Révolution tranquille 4 de 1959 à 1984. Et, coïncidence, je suis tombé dernièrement sur le documentaire L’Osstidquoi ? L’Osstidcho ! 5.
C’est étrange comment plusieurs des événements dont je vous parle brièvement ci-dessous m’ont marqué alors que je n’étais pas encore né ou que j’étais trop jeune pour m’en souvenir. Je pense, entre autres, à l’assassinat de JFK, à la folie de Charles Manson ou à la marche de Neil Armstrong. J’ai l’impression que l’univers nous envoyait un gros message paradoxal : « Tout est possible mais, attention, vous pouvez en mourir ! » On peut rêver à une plus grande liberté ou à de grands accomplissements, on peut se battre pour tout ça, mais il faut être prêt à souffrir ou à en mourir. Malgré cet avertissement de l’univers, la jeunesse de partout dans le monde (les jeunes Boomers) se révolte et pousse ce même univers au changement.
Je suis né dans un monde où la lutte pour les droits civiques (surtout pour les communautés noires) multiplie les manifestations même si elles sont fortement réprimées : les policiers d'Afrique du Sud tirent dans le dos des manifestants contre l'apartheid à Sharpeville, faisant 69 morts (1960) ; la marche des droits civiques sur Washington, est marquée par le discours de Martin Luther King (MLK) : I have a dream (J'ai un rêve) devant le Lincoln Memorial et par l'intervention de Joséphine Baker (1963) ; Nelson Mandela est condamné à la prison à vie (1964) ; assassinat du militant noir américain Malcom X, ardent et parfois violent défenseur des droits des afro-américains (1965) ; aux États-Unis, la marche sur le Pentagone réunit 100 000 personnes qui manifestent contre la guerre au Vietnam (1967) ; le pasteur noir américain MLK est assassiné à Memphis (1968) ; suite à un raid de la police américaine au bar du Stone Wall Inn, à New-York, des émeutes marquent le point de départ de la lutte pour les droits civiques des homosexuels, des bisexuels et des transgenres et celui de l'évolution des mentalités vis-à-vis des LGBT (1969). Et la protection de l’environnement est déjà une préoccupation entraînant ses propres luttes et manifestations : création (1961) du World Wildlife Fund (WWF), fonds mondial pour la nature dont le but est d'aider à la protection de l'environnement et au développement durable, mais dont les actions sont parfois controversées ; le sénateur américain Gaylord Nelson donne naissance au Jour de la Terre (1970), célébré depuis chaque année, le 22 avril, et reconnu comme l'évènement de sensibilisation à l'écologie et à la protection de l'environnement le plus important au monde.
« C’est un petit pas pour l'homme et un bond de géant pour l'humanité »
[Neil Armstrong, 1969]
Je suis né dans un monde où les yeux de plusieurs sont tournés vers les étoiles. C’est le début de la conquête spatiale : L'URSS lance le premier homme dans l´espace, Youri Gagarine (1961) ; le Canada devient le troisième pays à lancer un satellite autour de la Terre, après l'URSS et les États-Unis (1962) ; Apollo 11 amène l’homme à faire son premier pas sur la Lune (1969).
Mais cette conquête nous rappelle que je suis aussi né en pleine guerre froide, un conflit idéologique entre l’URSS et les USA se jouant sur l’échiquier mondial : Fidel Castro prend le pouvoir à Cuba (1959) et provoque plus tard la crise des missiles d’octobre (1962), un véritable bras de fer entre Khrouchtchev et JFK pour éviter une troisième guerre mondiale ; la guerre du Vietnam débute (en 1960) par les troubles semés par le FNL (Front National de Libération surnommé Viêt-Cong), soutenu par le Vietnam du Nord et l’URSS, qui renverse le gouvernement du Vietnam du Sud, d’où l’intervention des USA (en 1965) ; la République Démocratique Allemande (RDA) érige en une seule nuit, en août 1961, le mur de Berlin (d'abord sous la forme de rideau de fils de fer barbelés), le « mur de la honte » selon les Allemands de l'Ouest ou le « mur de protection antifasciste » selon la RDA ; La bombe russe Tsar Bomba explose au milieu de l'océan Arctique (en octobre 1961) devenant de loin, avec sa charge de 58 mégatonnes et un champignon atomique de 13 km de haut, la plus grosse explosion nucléaire aérienne de tous les temps – une manière pour l’URSS de bien faire comprendre à son adversaire de quoi elle est capable. Cette guerre froide brandissant l’ultime arme de fin du monde a eu un impact certain sur ma génération X, rebaptisée « No Future » dans les années 70, grâce au mouvement punk naissant dans le monde musical et artistique.
Je suis né dans un monde de conquête de la liberté où plusieurs pays (surtout en Afrique) obtiennent leur indépendance alors qu’ici, en Amérique du Nord, les États-Unis s’agrandissent encore en annexant l’Alaska et Hawaï (1959), et le Québec commence à peine à exprimer ses désirs de souveraineté. Tour à tour, en 1960, le Cameroun, le Togo, Madagascar, le Congo, la Somalie, le Niger, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Tchad, la république Centrafricaine, le Gabon, le Sénégal, le Mali, le Nigeria et la Mauritanie deviennent des pays indépendants. Le général de Gaulle proclame même en 1959 le droit à l'autodétermination des Algériens, qui n'obtiendront leur indépendance qu’en 1962 après une longue guerre. Et à Montréal, il prononcera en 1967 son fameux « Vive le Québec libre ! » devant des centaines de Québécois qui n'obtiendront leur indépendance… que dans leurs rêves.
Je suis né dans un Québec en pleine Révolution tranquille, qui n’était pas si tranquille que ça. Le nouveau gouvernement Lesage multiplie les réformes avec, en première ligne, un René Lévesque qui déjà, est peut-être quelque chose comme un grand homme. C’est lui qui a proposé et orchestré la nationalisation de l’électricité, pour reprendre la propriété de notre plus grande richesse naturelle et devenir maîtres chez nous ! Les Libéraux de l’époque – Eh oui, avec René ! – créent le nouveau ministère de l’Éducation qui démocratise l’éducation en la rendant gratuite et en retirant progressivement le contrôle de l’éducation au clergé. Les Québécois les plus pauvres (majoritairement francophones) accèdent plus facilement à une éducation appropriée. Pour répondre aux besoins de l’arrivée massive des Baby-Boomers aux études secondaires, les polyvalentes sont créées (dont certaines accueilleront jusqu’à 3500 enfants) – la mienne ouvrira ses portes seulement en 1970. Le code civil est réformé en faveur d’une amélioration du statut de la femme, grâce à Marie-Claire Kirkland-Casgrain – Eh oui, une autre Casgrain – première femme députée de l’assemblée législative du Québec. On réforme aussi le Code du travail, permettant la formation des grands syndicats, tout en créant le Régime des rentes et la Caisse de dépôt et placement. Le crédit devient plus accessible et les Québécois peuvent devenir plus facilement propriétaires.
Tout le Québec semblait en marche vers l’avenir… à pas de géants… sans arriver pourtant à cette pleine souveraineté tant souhaitée… qui allait de soi, quant à moi, avec l’affirmation de quelque chose comme un grand peuple !
Parce qu’ils ont chanté fort la liberté
Le monde entier écoute
Et veut changer
Leurs mots résonnent
Et on les chante encore
Les mêmes chants s’éveillent en nous
La force qu’il fallait pour se tenir debout
Une fleur dans un fusil peut tout changer
Des airs d’amnistie chantés par milliers
Souvenirs retrouvés
Vingt ans et ça n’fait que commencer 1
Le documentaire sur l’Osstidcho m’a vraiment fait comprendre le bouillonnement culturel québécois de l’époque où j’avais à peine 4 ans (1968). Quatre jeunes (Mouffe, Louise Forestier, Robert Charlebois et Yvon Deschamps) se transforment devant nos yeux et lancent un cri du cœur qui bouscule toutes les règles établies, exprimant la soif de liberté des jeunes Baby-Boomers qui cherchent à s’affranchir de leurs parents. Ils font écho à la révolte étudiante en France (Mai 68) et rendent un hommage dramatique à MLK qui vient tout juste d’être assassiné.
Ce n’est pas seulement « le Canada français qui ne veut plus être soumis », comme le souligne l’historien Éric Bédard, c’est le Québec qui se sent proche du rêve de Martin Luther King. Sa mort a été tout un choc, confirme d’ailleurs Yvon Deschamps à l’écran. « Qu’on tue quelqu’un parce qu’il veut faire avancer les choses et obtenir des droits pour la communauté noire, ça nous touchait profondément, dit-il. Comme s’il avait été notre frère. » 6
Dans le documentaire, j’ai été heureux de voir Dominic Champagne (grand auteur et metteur en scène québécois) commenter l’importance d’un tel spectacle révolutionnaire, et j’ai fait automatiquement un parallèle avec Cabaret Neiges Noires, le spectacle qu’il a co-écrit en 1992, dans lequel MLK était un personnage principal. Je n'ai pas pu m'empêcher de faire des liens entre les événements d'une décennie à l'autre. Le texte que j'ai écrit sur la pochette ci-dessus parle aussi de ces liens entre différentes époques et générations. Ça m’a rappelé une très belle anecdote que mon fils, Vincent, m’a racontée.
Ça se passe en 2016, alors que Vincent est en train de compléter son bac. en enseignement de l'art dramatique à l’UQAM ; en fait c’était probablement lors d’une pratique de son spectacle de finissant. Il était très heureux d’avoir pu travailler sur leur spectacle avec quelqu’un qu’il admirait déjà beaucoup, Dominic Champagne. La scène se passe en coulisse, pendant une pause où Vincent surprend son prof au piano. Il a de grands frissons en reconnaissant la mélodie qu’il joue – en fait, il est même possible que Dominic Champagne fût en train de chanter les paroles : c’était Mad world, la version de Gary Jules et de Michael Andrews (reprise de Tears for Fears). C’est moi qui ai eu de grands frissons quand il me raconta cette simple anecdote, parce que cette chanson était l’une de mes préférées et que je l’avais utilisée en 2012 comme musique de générique. J’avais monté le DVD souvenir d’un spectacle que Vincent avait mis en scène. C’était juste un peu avant de commencer son bac ; il avait fait (avec sa meilleure amie d’enfance, aussi de sa cohorte à l’UQAM), la mise en scène de Cabaret Neiges Noires. Quand les grands esprits se rencontrent.
Autres faits, plus ou moins divers
La même année (1959), une femme de New York crée la première Barbie alors que deux français créent Astérix et Obélix. La première ne me fut pas d’une grande utilité, sauf pour mon Steve Austin – vous voyez ce que José veux dire si vous m’avez suivi depuis le début de cette autobiographie – et les deux autres m’ont fait passer de bons moments tout au long de ma vie, en plus d’avoir contribué à ma plus grande collection de BD.
En 1960, les élections présidentielles désignent John Fitzgerald Kennedy (JFK) comme prochain Président des États-Unis. Son entrée en fonction interviendra le 20 janvier 1961. Il sera assassiné à Dallas seulement 2 ans plus tard (1963). Je me suis toujours demandé ce qui se serait passé s’il avait complété deux mandats. Est-ce qu’il aurait mis fin à la guerre du Vietnam ? Est-ce qu’il aurait répondu aux revendications des jeunes ? Se serait-il davantage rapproché de MLK ? Il est mort avant ma naissance, mais j’ai l’impression qu’il a été une figure masculine importante dans mon enfance. Un héros démocrate qui semblait avoir toute l’admiration de ma mère, comme René Lévesque. Elle craignait d’ailleurs qu’il arrive la même chose à son préféré. Elle croyait à l'existence de plusieurs complots : elle se serait bien entendue avec certains complotistes d'aujourd'hui. Pas étonnant que j’aie vraiment « trippé » sur le film JFK d’Oliver Stone (sorti en 1991).
Aux États-Unis, la première pilule contraceptive obtient l'autorisation de mise sur le marché (1960) mais, au Canada, il faut attendre jusqu’en 1969 pour qu’une loi décriminalise la contraception (et beaucoup plus tard, 1988, pour décriminaliser l’avortement). Au Québec 7, l’obligation d’obéissance des femmes à leur mari est abolie (1964), elles peuvent s’ouvrir un compte bancaire et exercer une activité professionnelle sans l’autorisation de leur mari. Pas pire pour une créature dont l’église catholique doutait (légende ou pas) qu’elle ait une âme (en 585 après J-C) et qui dû attendre en 1918 (au fédéral) et en 1940 (au provincial) pour obtenir le droit de vote. Et il a fallu attendre jusqu’à 1983 pour qu’un acte sexuel non consentant, d’un mari envers sa femme, soit considéré un viol et reconnu comme un crime. Il en a fallu des batailles et des Casgrain (Thérèse Forget Casgrain et Marie-Claire Kirkland-Casgrain) pour en arriver là.
En 1963, le groupe de musique rock britannique les Beatles publie son premier album, Please Please Me, une œuvre qui lui vaut la première place au hit-parade pendant sept mois. En mars 1964, quelques semaines après ma naissance, le classement des 100 chansons les plus populaires aux États-Unis place cinq titres des Beatles aux cinq premières places. La Beatlemania se propage dans le monde entier après m’avoir bercé et fait rocker dans ma vie utérine. Leurs hits devaient souvent être suivis de jazz et de trompettes, puisque mon père adorait Louis Armstrong. En 1964, ce dernier enregistrait justement son titre le plus célèbre et le plus vendu : Hello, Dolly. Qui sera suivi, un peu plus tard (1967), par l’immortel ode à la paix et l’amour : What a wonderfull world. Et il ne faudrait pas oublier Elvis qui était encore le King !
En décembre 1966, on apprend la mort de Walt Disney et la naissance de sa légende : il aurait été gelé (conservé par cryogénie). Ce mythe perdurera toute ma jeunesse. Il a fallu que je vérifie l’information sur le net en écrivant tout ça pour constater que la fille de Disney (et bien d’autres personnes, notamment le président de la California Cryogenic Society) confirme que le grand Walt a bien été incinéré deux jours après sa mort. C’est drôle comment certains mythes rattachés à des événements de cette époque ont la couenne dure. Walt Disney congelé, JFK victime d’une conspiration, et plus tard, Bruce Lee (1973) ou Elvis Presley (1977) qui ont mis en scène leur propre mort pour fuir sur une île et vivre une vie paisible hors des projecteurs.
Le 9 août 1969, l'actrice américaine Sharon Tate, épouse de Roman Polanski, est assassinée avec quatre de ses amis par trois membres de la secte criminelle de la Famille Manson dirigée par le gourou Charles Manson. Elle n’avait que 26 ans et portait un enfant. Je ne sais pas quand ce drame atroce m’a été révélé, mais il m’a toujours créé un malaise empreint d’étrangeté, de folie et de paranormal. Et j’ai toujours été troublé par le fait que Roman Polanski venait de réaliser Rosemary’s Baby (1968) : un suspense horrifique, cauchemardesque et étouffant, où le corps d’une jeune mère devient le lieu de tous les dangers et de toutes les possessions. Est-ce que son bébé était celui du démon ? Et est-ce qu’elle devait mourir à cause de ça ? De quoi devenir paranoïaque et se perdre entre la fiction et la réalité. Celle qui attendait un vrai bébé de Polanski est morte, tout comme un producteur et un compositeur associé au film sont morts l’année qui suivit la sortie du film. Je pense que cette histoire d’horreur a contribué à mon malaise pour tout ce qui touche la possession, la peur de l’emprise de quelqu’un d’autre sur mon propre corps. Des films comme l’Exorciste (1973) ou l’Opéra de la terreur (Evil Dead; 1981) m’ont traumatisé au point où je n’ai jamais été capable de regarder un film comme Le cercle (2002) ou une série comme Supernatural (2005) – le premier épisode m’a fait trop peur !
Comment terminer cet article de souvenirs retrouvés, sans dire que je suis né et que j’ai grandi dans un Québec – et un Montréal ! – qui s’ouvrait sur le monde grâce à l’Expo 67. Imaginez qu’en six mois, cette Exposition universelle de Montréal a accueilli plus de 50 millions de visiteurs. Mon oncle Marcel (le frère de ma mère) était l’un d’eux et m’a laissé une vidéo de sa visite qui révèle à quel point l'exposition permettait de découvrir de nouvelles cultures (62 pays y participaient) et de s'immerger dans un monde totalement futuriste (90 pavillons à l’architecture extravagante avaient été construits, en plus des célèbres Habitats 67). Pour un tel projet, que Montréal décide de placer au centre du fleuve Saint-Laurent, il aura fallu doubler la superficie de l’île Sainte-Hélène et ériger une toute nouvelle île (l’île Notre-Dame) ; pour ce faire, plus de 30 millions de tonnes de terre et de roc ont été utilisées, provenant en partie de la construction du métro de Montréal – Eh oui, en plus de tout ça, le maire Jean Drapeau avait inauguré ses premières stations de métro en octobre 1966.
Je ne pense pas que ma mère ait pu assister à l’exposition de 1967 – mon père est mort en septembre de la même année à la suite d’une longue période où il était alité – mais elle nous a emmenés souvent à Terre des hommes (thème donné à l’Expo 67, portant le message du texte d’Antoine de Saint-Exupéry), où certains pavillons ont continué à recevoir des visiteurs pendant plusieurs années.
Quant à moi, j’y ai vécu plusieurs aventures tout aussi palpitantes que celles vécues au parc La Fontaine ou au parc Belmont, à celui du Mont-Royal ou à celui, un peu plus tard, du Stade Olympique et du Jardin botanique… On s’en reparle bientôt ! – À moins que ce ne soit déjà fait !
À suivre dans : Bio-19 : Étrange journal post-référendaire
Suite à : Bio-17 : OUI
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Notes, références et légendes des figures (numérotées de haut en bas)
Fig. 1 : Une manifestation contre la guerre du Vietnam à Paris, le 1er mai 1968. Photos de : AFP / Jacques Marie.
Fig. 2 : Montage photo à partir d’une photo du documentaire L’Osstidquoi ? L’Osstidcho ! 5 (représentant Louise Forestier, Yvon Deschamps, Mouffe et Robert Charlebois), d’une affiche électorale 8 de 1962 et d’un montage photo de Wikipédia 2 représentant l’US Army au Vietnam, le groupe rock The Beatles, JFK, MLK, la foule de Woodstock et la marche de Neil Armstrong.
Fig. 3 : Nelson Mandela et sa femme, Winnie, à sa sortie de prison, où il a passé 27 ans de sa vie pour son inlassable lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Une fois libéré, il a négocié la fin de la politique raciale avant d’être élu président. Photo d’Allan Tannenbaum (National Geographic 9).
Fig. 4 : Photos de la Tsar Bomba tiré d’un vidéo sur YouTube, Tsar Bomba(s) 1080p ᴴᴰ Novaya Zemlya Russia equal to about 58 megatons of TNT [Mt] (240 PJ) ; voir : https://www.youtube.com/watch?v=30EoIh2kADk, consulté en juin 2023.
Fig. 5 : René Lévesque, 18 octobre 1960. Yves Beauchamp, photographe. Cette image est disponible à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). Voir : https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4338973?docref=fBhU_MxrP2sbm86Yh379uw, consulté en juin 2023.
Fig. 6 : Mon montage graphique de la pochette d’un DVD souvenirs : Cabaret Neiges Noires, version 2012.
Fig. 7 : Montage de photos souvenirs de l’Expo 67. Créateur inconnu.
1 : Paroles de la chanson Souvenirs retrouvés (1989) chantée par Francine Raymond ; texte de Francine Raymond ; musique de Christian Péloquin et Francine Raymond ; producteur : CBS (Columbia Broadcasting System) Disques Canada Ltée.
2 : Années 1960. Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ann%C3%A9es_1960 , consulté en juin 2023.
3 : Les évènements de l'année 1959. Calendrier agenda gratuit. https://www.calagenda.fr/histoire-annee-1959.html, consulté en juin 2023 (N.B.: les articles pour chacune des années, de 1959 à 1969, ont été consulté sur ce site).
4 : Révolution tranquille au Québec #1 - L'effervescence (1960-1966). Documentaire québécois. Sur Chaîne du Québec (anciennement LeGermQC). https://www.youtube.com/watch?v=wZ401Oz-OJM&t=56s, consulté en mai 2023.
5 : L’Osstidquoi ? L’Osstidcho ! Documentaire réalisé par Louis-Philippe Eno sur un scénario de Francis Legault. Production : Films La Tribu (Les), Canada, 2022. Diffusé sur Télé-Québec en mai 2023. Voir : https://www.telequebec.tv/documentaire/l-osstidquoi-l-osstidcho.
6 : Vigneault, A. (2023). Un regard éclairant sur L’Osstidcho. Lapresse.ca (22 mai 2023). Voir : https://www.lapresse.ca/arts/television/2023-05-22/le-docu-de-la-semaine/un-regard-eclairant-sur-l-osstidcho.php, consulté en juin 2023.
7 : L’évolution des droits des femmes au Québec en 10 dates. Éducaloi (mars 2021). Voir : https://educaloi.qc.ca/actualites-juridiques/evolution-droits-femmes-quebec/, consulté en mai 2023.
8 : Slogan électoral du Parti libéral du Québec en vue de la seconde élection du gouvernement Lesage en novembre 1962. L'enjeu principal de la campagne est la nationalisation de l'électricité, dossier Main dans la main et poings levés, piloté par le ministre René Lévesque.
9 : Blakemore, E. (2020). La lutte de Nelson Mandela contre l’apartheid, un combat inachevé. National Geographic.fr. 21 juillet 2020. Voir: https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2020/07/la-lutte-de-nelson-mandela-contre-lapartheid-un-combat-inacheve, consulté en juin 2023.
N.B. : Le texte ci-dessus est basé sur une histoire vraie. Cependant, n'oubliez pas que :
1) mes avertissements généraux s'appliquent aussi aux textes de cette section ;
2) il s'agit de ma propre vérité, à partir de mes points de vue et jugements personnels du moment ;
3) la mémoire est toujours un processus de reconstruction mentale et une faculté qui oublie ;
4) presque tous les personnages ont des noms fictifs.