Aujourd’hui, selon les papiers officiels, j’ai 59 ans. Ça me donne le vertige. Je me dis qu’il me reste moins de temps devant moi qu’il y en a derrière. Et au lieu de faire des plans, j’ai juste envie de me plonger dans mes souvenirs. Quant au présent, je ne sais pas trop quoi en penser. Les sentiments qui m’animent sont en dents de scie.
Après l’euphorie du changement de maison et de région, je vis la tristesse d’être loin de mes proches, surtout d’Arnaud et de Vincent. J’écris ça, et voilà que j’entends leurs voix qui descendent jusqu’au sous-sol. Mamie vient de répondre à un appel en visioconférence. Je m’arrête ici immédiatement, pour vivre mon petit moment Papy. Comme ça fait du bien de les voir et de les entendre. C’est ce qui me manque le plus à Mont-Joli : leur présence.
D’autant plus que mon fils traverse des choses difficiles : des problèmes conjugaux douloureux, une recherche de logement en pleine crise du logement, la précarité et l’instabilité des conditions de travail d’un enseignant en art-dramatique. Je me sens un peu coupable de mon éloignement alors qu’ils sont confrontés à tout ça. J’ai beau aimer ma maison – c’est quant à moi la plus belle, la plus pratique et la plus agréable que nous ayons eu – et aimé avoir accès à l’immensité du fleuve, je sens que mes racines ne sont pas ici. Mon cœur est encore en Montérégie. Et on va sûrement y retourner, d’ici 5 ans maximum.
À 59 ans, je n’ose pas trop me projeter dans l’avenir. En revanche, comme je disais, je replonge dans le passé en poursuivant l’écriture de cette série de texte que j’appelle l’Autobiographie d’un journal intime (suivre le lien pour voir le premier). J’ai envie, maintenant, de vous en faire un petit bout à partir d’où j’en étais rendu, après l’été de mes 15 ans, et de me laisser aller par association d’idées, quitte à me promener d’un âge à l’autre, au gré du vent mnémonique qui m’habite présentement.
Point de départ : le 31 août 1979. La veille, j’étais revenu de la campagne pour aller prendre ma photo scolaire et là, j’étais dans le bureau du Dr Leboeuf qui examinait mes seins. Malgré toutes mes séances de poids et haltères pour raffermir mes muscles, la boule au bout de mes seins étaient encore là. Même si je continuais à maigrir – j’avais déjà perdu 5 livres – il ne pensait pas que les boules allaient se résorber toutes seules. Je devais me faire opérer. Dieu merci, il signa un papier d’exemption pour mes cours de natation.
Un souvenir pénible remonte à la surface : celui de mes cours d’éducation physique, l’endroit où je me sentais le plus mal parce que c’était difficile de cacher mes seins. Souvent, la veste de jogging ne suffisait pas. Comme nous étions entre gars, lorsqu’on pratiquait des sports d’équipe, la tradition était de diviser le groupe en deux : les torses nus et les autres. Je souhaitais toujours tomber dans le deuxième groupe, mais avec la loi de Murphy…
Il y a la fois ou mon « ami » Donald me courait après pour me poigner les seins qu’il appelait la salière et la poivrière, parce que, effectivement, le bout de mes seins était bombé comme les bouchons métalliques troués des petits récipients en verre qu’on trouvait sur la table de tous les restaurants. Je me souviens aussi comment le gros Gilles, le « bum » de l’école, me demanda si je voulais qu’il casse la gueule à Donald. Il était offensé que quelqu’un rie d’un gars qui avait des kystes car il savait ce que ça faisait. Je ne lui ai pas dit que dans mon cas ce n’étaient pas des kystes (on parlait d’adipomastie ou de gynécomastie), mais je ne l’ai pas non plus encouragé à s’en prendre à Donald.
Heureusement, après ma visite chez le médecin, mon papier d’exemption me permettait de garder mon chandail dans n’importe quelle discipline sportive (pas seulement la natation). Je me souviens du soulagement ressenti au début d’un cours où je m'étais imaginé ne plus jamais faire partie de l’équipe des torses nus. Il n’avait duré qu’un instant car, après avoir été choisi dans les torses nus, mon prof m'avait forcé à porter un dossard par-dessus mon chandail. Quelle belle façon d’être inclusif et de ne pas stimuler ma honte. – Wow ! Bravo pour l’incompréhension !
Donald et Gilles me font penser à toutes ces fois où je me suis fait agresser dans la vie. Je me rappelle Donald qui, alors que j’étais couché sur mon petit banc pour soulever des haltères, s’était mis à appuyer sur mon cou avec la barre de fer, jusqu’à m’étouffer. Il voulait me faire une joke mais, alors qu’il riait comme un psychopathe, j’avais eu très peur de mourir. J’ai cru un moment qu’il ne s’arrêterait jamais. Quant à Gilles, il me poursuivait régulièrement sur la rue, avec son gang, pour m’intimider et me forcer à me battre. J’avais réussi à lui dire non en le défiant physiquement : il avait ri de moi, mais il avait arrêté de m’écœurer.
Intimidation... Agression… Il y a la fois où j’étais à la bibliothèque municipale de Montréal avec mon ami Jean-Pierre et que trois gars nous avaient attendu à la sortie parce qu’ils prétendaient qu’on avait ri d’eux – elles étaient bonne les BD, bande de con paranos ! Le plus vieux du gang, un « grand Jack » comme je les appelais, voulait qu’on fasse un combat avec son jeune frère. Je me souviens que Jean-Pierre avait eu la bonne idée de prétendre qu’il était cardiaque et qu’il ne pouvait pas se battre. C’est donc moi qui s’est retrouvé la « yeule » en sang. On s’en était sauvé en retournant à la biblio où, après avoir pansé ma blessure, la commis nous avait fait sortir par derrière, où nous avions dû escalader une clôture de six pieds.

J’ai souvent fait les frais des « grands Jacks ». Plus jeune, vers 12 ou 13 ans, Colombe, mon cousin Yvan et moi partions souvent à l’aventure à travers Montréal. Je me souviens de notre voyage en autobus de la ville : avec 10¢ et beaucoup de billets de correspondance, on avait fait la moitié du tour de l’île. Je me souviens de notre façon d’escalader le Mont-Royal pour nous rendre à la croix, ou la façon dont nous faisions le tour du Lac des dauphins pour entrer gratuitement à La Ronde.
C’est fou comme nous étions laissés à nous-mêmes alors que ma sœur devait avoir à peine 8 ans. Une chance pour elle, c’était toujours moi qui se faisait attraper. Je me rappelle nos entrées illégales dans le Théâtre de verdure du Parc Lafontaine. On aimait s’y promener le jour, alors qu’il était fermé. Deux grands Jacks nous avait poursuivis – on s’était mis à courir vers notre sortie sous la clôture en pensant qu'ils étaient des gardiens du parc – et, bien entendu, ils avaient attrapé le plus lent des trois. Ils m’avaient fait enlever mes espadrilles pour les essayer et avait lancé mon pistolet de cowboy au milieu du lac – les salauds ! Même chose lors de notre visite aux arcades de la Plaza Alexis Nihon qui s’était terminée par une poursuite dans le métro. Cette fois, les grands Jacks m’avait volé mon portefeuille tout neuf. Ils avaient eu droit à quelques sous noirs – c’est tout ce qui restait après notre journée dans les arcades – et, très gentlemans, ils m’avaient redonné mes cartes d’identité. Le plus drôle dans cette anecdote, c’est Colombe et Yvan qui vont se réfugier près des policiers du métro, mais qui ne leurs demandent pas d’intervenir alors que j’étais tout seul avec les grands Jacks.

Agression, grand Jacks… grand frère ! Serge, surtout une fois adolescent, essayait toujours de nous contrôler à la maison. Je me souviens de toutes ces fois où ma sœur et moi nous réfugions dans ma chambre en mettant tous mes meubles contre la porte. Serge a même essayé de m’étrangler en public. Je me rappelle que je suis couché, le dos sur le trottoir, et qu’il est sur moi, les mains autour de mon cou. Heureusement, un passant intervient pour qu’il me lâche, même si Serge avait argumenté : « J’ai ben le droit, c’est mon frère ! » À la grande surprise de mon frère, le passant avait rétorqué avec un air exaspéré : « J’m’en fous que ce soit ton frère, ça ne te donne pas le droit d’y faire mal comme ça ! »
Me faire étouffer, Donald, Serge… Ouf ! Mon camp de concentration vers 10 ans. Les assistantes sociales avaient conseillé à ma mère de nous envoyer en camp d’été pour lui permettre un répit en tant que mère monoparentale et nous faire développer notre autonomie. J’avais détesté ça. Mes quelques souvenirs sont tous désagréables : les jeunes de mon dortoir piquent les cigarettes du moniteur et essaient de me faire fumer avec eux ; tout le monde rit de mon prénom lorsque je me présente lors d’un atelier de menuiserie, y compris le prof ; et j’ai été tellement malade après avoir mangé du gruau et bu un chocolat chaud en même temps. Seul beau souvenir, l’odeur des vieux bouquins que je percevais déjà au pied de l’escalier qui conduisait à la bibliothèque. Une fois là-haut, j’étais en paix, dans mon refuge. Je n’arrivais pas à me faire des amis, à l'exception d'un gros garçon noir avec qui, il me semble, j'ai socialisé pendant un bout de temps. Mais, sans me souvenir pourquoi, j’ai un blackout sur les circonstances, il se retrouve sur moi, en train de m’étouffer, comme mon frère.
Blackout. Quelques années plus tôt. C’est un jour férié et je me promène tout seul dans la cour de l’école primaire, près de chez mon parrain Luc. Je me faisais garder par Jeanne, ma marraine, mais je ne sais pas où elle était. Blackout. Un enfant que je ne connais pas essaie de m’étrangler. Blackout.
Peu de souvenirs remontent, s’ils ne sont pas associés à des drames.

Associations d’idées. Je pense à ma sœur qui se prend les mitaines dans le parechoc de la Coccinelle de Jacques et qu’elle est trainée sur plusieurs mètres avant qu’il ne s’en rende compte. C’est à l’époque où Jacques et Martine avait un chalet près du lac Champlain. Je me souviens de cette scène et de celle de la plage ou je me retrouve seul parce que j’ai peur de les suivre dans l’eau. C’est là aussi que je cherchais les trottoirs.
Martine et Jacques. Martine était une des cousines de ma mère qui venait d’une famille qui comptait 6 garçons et 6 filles. Je me souviens que ma mère fréquentait surtout Martine et un peu plus tard, sa sœur Denise ; en revanche, ils venaient tous, sans exception, se faire régulièrement tirer aux cartes.
Jacques. Je me souviens qu’il était lutteur. Je me rappelle qu’il était parmi les méchants et que la foule entamait une chanson pour le déconcentrer. Il devenait fou à cause de cela et finissait souvent par perdre son combat. C’était de belles mises en scène. Je ne sais pas si c’était de la lutte professionnelle ou s’il faisait partie d’un club amateur. Mes souvenirs sont trompeurs, parfois je l’imagine lutter avec le Géant Ferré ou le Grand Antonio… Beaucoup plus petit qu’eux, il était tout de même coriace. Dans sa piscine, j’avais eu l’occasion de constater combien il était dur comme de la pierre et fort comme un bœuf. J’essayais de l’empêcher de s’approcher de France et de Colombe quand il venait se baigner avec nous. Ça se transformait en farce où je me faisais planter mais où il laissait les filles tranquilles.
Martine n’était pas non plus ma préférée. Elle était beaucoup trop rigide pour moi. Et j’avais tendance à la déranger par mes maladresses. C’est chez elle que j’avais renversé une cruche de jus Welsh au raisin sur sa nappe blanche et que, pensant réparer ma faute, j’avais pris une serviette blanche pour essuyer tout ça. Il y a la fois aussi où devant elle et ma mère, j’échappe une livre de beurre par terre. Ma mère rit un peu sans me chicaner en disant que j’étais souvent gauche et maladroit. Ce à quoi Martine avait renchéri : « Ce n’est pas de la maladresse ça, c’est de la stupidité ! »
Ce n’est donc ni pour Martine, ni pour Jacques que nous acceptions d’aller passer du temps à la campagne. Au début, nous avions suivi notre mère, puis nous nous étions liés d’amitié avec la famille de France qui habitait juste en face de chez eux. Ma mère et mon frère ont cessé de venir avec nous. Ce qui permettait à ma mère de se reposer un peu – ce sont les assistantes sociales qui seraient bien heureuses de savoir ça – ou de s’occuper des conneries de mon frère.
Mon frère… À l’époque où je commençais à écrire mon journal, son cœur se promenait entre deux filles. Il avait 17 ans et il allait rapidement devenir père. J’avoue que je ne me souviens pas exactement quand, mais Joséphine et Louise tombèrent enceinte alors qu’elles n’étaient probablement pas encore majeures. La première eut un garçon alors que la deuxième, avec qui il est sorti plus longtemps, donna naissance à deux filles et un garçon. Après cela, j’ai perdu le décompte – il doit en avoir entre 8 et 12. Je l’ai perdu de vue aussi, surtout depuis la mort de ma mère, il y a presque 20 ans. On ne se fréquentais déjà pas souvent avant cela, mais j’avais l’habitude de dire qu’à chaque fois que je le revoyais ou que j’entendais parler de lui, il avait une nouvelle blonde, et que celle-ci avait toujours 17 ans. Il semble les aimer jeunes et plutôt immatures. Et elles tombent toutes enceintes.
Mon frère semble avoir suivi les traces de mon père. Ce dernier était 20 ans plus vieux que ma mère, et il était déjà marié. Il avait même une petite famille que je n’ai jamais connue. J’ai appris tout cela quand j’étais moi-même marié et père. Le divorce n’était pas à la mode à cette époque, mais avoir une deuxième femme et des enfants oui. Ma mère devait être familière avec le concept parce que son père avait fait la même chose. Il s’était mis à habiter avec ma grand-mère, beaucoup plus jeune que lui, alors qu’il avait une autre famille. Et les deux bonshommes immatures ont fait la même chose, envoyer leur premier bébé à la crèche. Je me suis donc retrouvé, du jour au lendemain, pendant mon adolescence, avec une toute nouvelle tante, la sœur aînée de ma mère, qui avait fait la démarche pour retrouver ses parents biologiques. Selon ce que je sais, j’ai probablement un frère et une sœur qui se sont retrouvés à être adoptés. J’ai appris un jour que la première fille de ma mère s’appelait France. Imaginez comment ma mère devait se sentir quand je n’arrêtais pas de parler de mon amour pour France. Surtout que mon père l’aurait fait disparaître avant qu’elle ne revienne du travail, sans pouvoir lui dire aurevoir.
C’est une des scènes les plus cruelles de ma vie, même si je ne l’ai jamais vécue. J’ai toujours été sensible par rapport au passé de ma mère. J’ai toujours trouvé cela cruel qu’elle soit placée au couvent, comme une orpheline. Ma mère a vécu le calvaire des Enfants de Duplessis. Et une fois sortie, à 17 ans, elle est tombée sur mon père. Elle n’a connu que ce type de relation, avec un homme immature et contrôlant. Pas étonnant qu’elle s’est mise à s’occuper – ou se préoccuper – davantage de Serge que de nous autres, ma soeur et moi.
Trois hommes de sa vie, Claïr, Roland et Serge, faits à partir du même moule. Elle devait vraiment me trouver bizarre. En tous cas, moi je me trouve bizarre sur cette photo avec une corde autour du cou.

José... Je me demande si elle m’a appelé comme ça pour que je sois différent des autres hommes de sa vie. Qu’est-ce que j’avais de si singulier pour qu’elle choisisse un nom qui, pour tous les Québécois de l’époque, était un nom de fille. Étais-je déjà plus doux ? Est-ce que mes yeux bleus me rendaient plus beau ? Après tout, j’étais le seul à avoir hérité de cette caractéristique de mon père. Est-ce que je lui rappelais la fille qu’elle avait perdue ? Est-ce que ma sœur France avait aussi les yeux bleus ?
Elle ne me traitait pas comme mon frère. Elle aimait me raconter une anecdote : un petit voisin s’était mis à se battre avec Serge devant chez nous et elle avait assisté à la scène en encourageant Serge à se défendre ; mais lorsque le petit voisin a voulu s’en prendre à moi, elle est intervenue. Elle me protégeait beaucoup. J’étais littéralement sous les jupes de ma mère ; je dis littéralement parce que je me suis vu sur un vieux film de mon oncle Maurice (le frère de ma mère), j’étais vraiment caché sous la robe de ma mère.
Peut-être qu’elle me considérait comme plus sensible, ou plus fragile. Elle m’a déjà raconté des anecdotes du temps où mon père était encore vivant. Je devais avoir 3 ans. Je marchais sur la rue sans trop regarder où j’allais. Ma mère m’avait suivi en se demandant bien ce que je faisais, pour constater, que je suivais tout simplement la lune, comme si j’essayais de la rattraper. Une autre fois, elle m’avait un peu perdu de vue quelques minutes et j’étais allé me promener. Il paraît que mon frère m’a retrouvé chez de jeunes voisins qui s’amusaient à me faire faire le chien à quatre pattes. Elle me raconta aussi qu’elle avait dû me nettoyer les oreilles parce que les jeunes m’avaient enfoncé des allumettes dedans. Elle avait craint que je sois blessé.
Moi et la Lune. Moi et le rêve. Mon refuge. De la dissociation, à la manière de quelqu’un qui a subi un ou des traumatismes. – Non ! Pas possible ! Mais de quoi parle José ? J’aime bien comment on parle de la dissociation en PCI (voir mon texte : Elton, Lowen, ma mère et moi) : un mécanisme de défense qui consiste à faire une coupure avec son corps. Se centrer sur les idées et l’imaginaire pour moins ressentir ce qui se passe dans mon corps. C’est ce qui m’a permis de survivre à l’enfance.

L’art m’a aidé à m’épanouir, en ne me coupant pas entièrement de mon corps. Je pouvais connecter avec mon ressenti et sublimer mes douleurs et mes peurs à travers mes créations. L’art a déjoué mon système de défense en reconnectant mes émotions à l’image. En créant une plus grande collaboration entre la tête et le cœur.
J’en suis rendu là à 59 ans. À constater mon équilibre. Un équilibre précaire certes, mais plus harmonieux que ce que mon début de vie laissait présager. Imaginez le bambin de 3 ans qui sort jouer dehors et qui revient au bout de quelques minutes pour dire bonjour à son père alité. Et qui ressort pour aller jouer un peu avant de revérifier l’état de son père. Et qui recommence ce petit manège jour après jour, jusqu’à la mort de son père. Après quoi, il utilise le même stratagème avec sa mère dépressive, avec la peur au ventre qu’elle ne disparaisse à son tour. C’était ça mon enfance préscolaire.
N'allez pas croire pour autant que, en ce jour de fête, je sois malheureux. Ce n'est pas le cas. J'éprouve un immense bonheur à me dévoiler comme ça. Je crois beaucoup en la pertinence d'aller là où mes yeux brillent. La PCI m'amène à ressentir ce qui goûte bon et je cherche à m’en rapprocher le plus souvent possible, comme le suggère l’ACT.
Descartes a dit : « Je pense donc je suis ». De ce temps-ci, j’aime mieux changer ça en « Je ressens donc je suis ».
Et pour terminer, je vous rappelle la belle citation du film Adaptation : « On est ce que l'on aime, non pas ce qui nous aime ».
Je suis un journal intime et créatif, un livre, une biographie, un roman, un essai de psychologie, un pastel sec, une aquarelle, une toile, un collage, une BD, une belle chanson…
Je suis une marche à la campagne, – avec ou sans trottoir – le fleuve Saint-Laurent, la Gaspésie, La Montérégie, une partie de cartes Magic ou de Crib, une série télé, un film fantastique ou de super héros…
Je suis Obélix, Hulk, Spiderman, Shrek, Kung-fu Panda, Goldorak, Han Solo, Hercule Poirot, John Snow, Sam Gamegie, Inigo Montoya, l'homme à l'harmonica ou le paresseux qui conte une blague dans Zootopie…
Je suis un steak-frites, des nachos bien garnis, une salade avec de la vraie mayo, un pâté chinois maison nappé de ketchup, un pudding chômeurs à la crème et au sirop d'érable, des chocolats Lindt Lindor ou des pralines belges…
Je suis une sieste d’après-midi, un bain chaud et moussant, une baignade à la belle étoile…
Je suis un regard amoureux ou tendre, la douceur d'une caresse, le rire d'un enfant, le ronronnement d’un chat...
Je suis Marie-Pascale, Vincent, Arnaud...
Je suis une lumière allumée...
Je suis Alexandre Poulin…
Et Bébé Yoda, je suis.
À suivre dans: Bio-14 : Goodbye, Yellow, grands sauts
Fait suite à : Bio-12 : L'été de mes 15 ans - deuxième partie
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Notes, références et légendes des figures (numérotées de haut en bas)
Fig. 1 : Vue du fleuve Saint-Laurent, en direction de Sainte-Luce-sur-Mer, à partir du quai de Sainte-Flavie, le 18 février 2023. Photo de José.
Fig. 2 : Vincent, Arnaud et José, été 2022. Photo selfie de Vincent.
Fig. 3 : Pont Jacques-Cartier et une partie de Montréal, vus du Mont-Royal, en septembre 2017. Photo de José.
Fig. 4 : Serge et José, mimant une certaine rivalité, dans les années 70. Photo de leur mère.
Fig. 5 : Près du lac Champlain, en 1969 ou 1970 ; Colombe (avec Max derrière elle) et José (avec JC devant).
Fig. 6 : Serge, Colombe et José (avec une corde en plastique autour du cou), au début des années 70. Photo de leur mère.
Fig. 7 : José, en janvier 1981, avec Ponctuelle - 2, un de ses dessins à l'encre de chine. Photographe inconnu.
N.B. : Le texte ci-dessus est basé sur une histoire vraie. Cependant, n'oubliez pas que :
1) mes avertissements généraux s'appliquent aussi aux textes de cette section ;
2) il s'agit de ma propre vérité, à partir de mes points de vue et jugements personnels du moment ;
3) la mémoire est toujours un processus de reconstruction mentale et une faculté qui oublie ;
4) presque tous les personnages ont des noms fictifs.