Cet extrait aborde les inégalités entre les sexes quand la maladie frappe. Tiré de I Lost Everything in the Post-Natal Depression (Erma Bombeck, Fawcett Crest Books, September 1974).
Quand le mouvement de libération de la femme s’occupera de l’égalité des rhumes, j’embarquerai.
Ça ne m’a jamais dérangé de danser à reculons ou d’avoir les boutons du mauvais côté du chemisier ou d’avoir à demander la clé chaque fois que je veux aller à la toilette dans une station-service. Mais juste une fois, j’aimerais bien que mon rhume obtienne le même respect que celui d’un homme.
Il y a quelques semaines, quand mon mari a eu le nez qui coulait, il a pris son rhume au lit, exigé trois opinions médicales différentes, insisté pour que je poste les enfants dans un autre état, installé un monte-charge dans sa chambre (moi!) et écrit au réseau ABC en insistant qu’il ferait un bon épisode double pour la série Marcus Welby M.D.
Il y a deux jours, je me suis réveillé avec des douleurs. Ma tête était fiévreuse, mes lèvres craquelées. J’avais la gorge sèche. J’avais la nausée. Tous les os de mon corps suppliaient qu’on les soulage de leur misère. « Je ne me sens pas bien » ai-je dit à mon mari. « En fait, je ne voudrais pas en faire un drame mais je crois que je suis mourante. »
« Est-ce que ça veut dire que tu ne vas pas t’habiller? » a-t-il répondu impatiemment en regardant sa montre.
« Tu ne comprends pas » ai-je dit. « C’est un pur calvaire de respirer. Ma tête fait mal. Mes yeux sont comme des lames de rasoir rondes et ce n’est qu’une question de minutes avant que je n’aille dans la Grande Salle de lavage au ciel. »
« Je me sens pareil quand je dors trop longtemps le matin » a-t-il dit.
« Mais il n’est que 06 :30 » dis-je d’une voix rocailleuse.
« Et alors? Mange un peu de bacon, des pommes de terres rissolées couvertes de ketchup… et où est-ce que tu vas? »
Vous l’avez entendu, mes sœurs. Et maintenant, qu’allons-nous y faire?
Je suggère de lancer une loi fédérale qui rendrait le rhume des femmes légal dans chacun des cinquante états. Ce serait la loi Bombeck sur l’Équité en matière de rhume.
Cette loi octroierait plus de quinze minutes aux femmes pour surmonter un virus de 24 heures. Sous la loi de l’Équité en matière de rhume, son rhume à elle aurait le droit de rester au lit et serait exempté du covoiturage, de la corvée cuisine, du lavage, des quilles, et des visites aux malades.
Tout mari qui dénigrerait ou se moquerait du rhume de sa femme avec des remarques telles que « Peut-être que c’était le rôti » ou « C’est juste que tu t’ennuies » ou « Si ça dure jusqu’au printemps, tu devrais voir un docteur » ou « Allez, debout, tu fais peur aux enfants » s’exposerait à des amendes sévères.
Tout mari qui mentionnerait du bacon et des patates rissolées à une femme mourante serait enfermé pour cinquante ans, sans aucune forme de procès.
J’aimerais aussi voir les femmes protégées des familles bien intentionnées quand elles sont sur le dos. Il n’y a rien de pire que d’être étendue là, aussi sexy qu’une poubelle ouverte, et que la famille s’en tire toute seule en toute beauté.
Comme Grand-maman qui dit « Je n’ai jamais vu ta maison si propre. Les enfants font un travail fantastique. Tu devrais vraiment avoir de l’aide quand tu retourneras à la maison », les sous-entendus étant exactement ce que vous pensez qu’ils sont.
Ou un mari qui dit « Ne t’inquiète de rien. Ta fille est une incroyable cuisinière. Je ne sais pas d’où elle tient ça. Hier soir, on a eu du steak, des patates et des haricots verts. Ce soir, elle va me faire la surprise. »
Ou une fille qui gazouille « J’adore m’occuper de la maison. J’ai fait tout le lavage aujourd’hui en une heure. J’ai fait nettoyer leur chambre aux garçons. Tout ce qu’il faut faire, c’est s’asseoir sur eux. »
Ou un fils qui sourit « Wow! Quelle journée on a eu. J’ai reçu toute la gang chez nous et on n’avait pas à faire attention à tout comme d’habitude quand tu travailles à la maison. On s’est éclaté. On a aidé Papa à faire le ménage dans tes armoires. »
Juste quand vous pensez que vous pourriez être remplacée par un enregistrement, votre jeune fils murmure « le chien a fait sur le tapis de la chambre, le hamster est mort, on a échappé le pot de betteraves dans le réfrigérateur, on s’est disputé toute la journée lundi, et les haricots verst étaient si durs qu’on les a donnés aux vers à farine. » (Note de la traductrice : les vers à farine sont gardés au réfrigérateur comme nourriture pour le serpent mais ça, c’est une autre histoire.)
Vous savez quoi? C’est avec cet enfant-là que je vivrai quand je serai vieille.
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