Dernièrement, plusieurs personnes m'ont abordée avec des questions et des résultats de tests de QI dont la plupart proviennent d’internet. On trouve de tout sur internet et, surtout, par n'importe qui et pour n'importe quoi; il est donc important de contre-valider les informations avant d'en tirer des conclusions. Je vous encourage fortement, si vous vous reconnaissez dans le portrait dépeint dans mon article Les surdoués : comment savoir s’il y en a chez moi?, à consulter un professionnel pour valider votre perception et trouver des pistes pour votre cheminement personnel.
Ceci étant dit, quand on veut discuter de quelque chose, il est important de s'entendre sur les mots et leur signification. Dans le cas de la douance et de la surdouance (ce terme vient du Canada, le saviez-vous?), il y a une multitude d'appellations ayant chacune ses nuances et ses adeptes.
L'article suivant en énumère plusieurs : http://les-tribulations-dun-petit-zebre.com/2009/07/11/pourquoi-le-nom-de-zebre/
On peut voir qu’il y a plusieurs noms (doué, surdoué, intellectuellement précoce, surefficient, etc.), quelques acronymes (HP, HQI, THP, APIE, etc.) et différents chiffres qui sont avancés (100, 130, 145, etc.). Bref, bien de la place pour la confusion et les préjugés.
Réglons tout d’abord le cas des chiffres. Un QI est une unité de mesure, ça mesure une dimension et les échelles sont multiples. Comparer les QI, c’est comme comparer des pouces avec des centimètres, des degrés et des livres ou des litres. Un chiffre et une unité de mesure, ça peut, à la rigueur, définir un meuble ou un sac de patates, mais pas un être humain. Toutefois, pour ceux qui tiennent absolument à discuter chiffres, parlez plutôt de percentiles, ce qui donne au moins une base de comparaison plus universelle. Pour référence, Mensa sélectionne sur la base du 2% supérieur de la population en termes de QI, donc un percentile de 98 (98% de la population obtient un QI moins élevé aux mêmes tests). Ce n’est là qu’une limite arbitraire qui ne définit pas ce que vous êtes ou non comme personne.
Maintenant, parlons des noms et de leurs acronymes. Je trouve que les acronymes sont réducteurs et déshumanisants. Je ne suis pas un QI et je ne suis pas une HP; ça, c’est mon imprimante. Alors quoi, quel nom utiliser?
Je trouve que surdoué est chargé de connotations plus ou moins négatives; sur- veut généralement dire trop, pas juste assez, idéal ou à souhait. Haut potentiel me parait plutôt prétentieux et chargé de culpabilité (ah, notre éducation judéo-chrétienne, avec sa parabole des 5 talents qu'il faut absolument faire fructifier sinon on gâche un don de Dieu; ce que j'ai pu la détester, cette parabole). Parler de précocité à mon âge me paraît totalement absurde, même s’il est vrai que j’étais une enfant précoce à une époque qui me semble de plus en plus lointaine chaque jour. Je dois dire que, personnellement, j'aime assez l'appellation de zèbre introduite par une psychologue française au début des années 2000. Voici un extrait de son ouvrage Trop intelligent pour être heureux? L'adulte surdoué, où elle explique son raisonnement :
"Le zèbre, cet animal différent, cet équidé qui est le seul que l’homme ne peut apprivoiser, qui se distingue nettement des autres dans la savane tout en utilisant ses rayures pour se dissimuler, qui a besoin des autres pour vivre et prend un soin très important de ses petits, qui est tellement différent tout en étant pareil. Et puis, comme nos empreintes digitales, les rayures des zèbres sont uniques et leur permettre de se reconnaître entre eux. Chaque zèbre est différent.
Je continuerai à défendre tous ces gens « rayés » comme si ces rayures évoquaient aussi des coups de griffe que la vie peut leur donner. Je continuerai à leur expliquer que leurs rayures sont aussi de formidables particularités qui peuvent les sauver d’un grand nombre de pièges et de dangers. Qu’elles sont magnifiques et qu’ils peuvent en être fiers. Sereinement."
Bref, ne vous étonnez pas si je parle dorénavant de zèbres dans mes prochains articles et souvenez-vous qu’être zèbre, ce n’est pas être pire ou meilleur qu’un autre, c’est juste avoir une façon totalement différente d’aborder l’univers qui nous entoure.
Sources :
SIAUD-FACCHIN, J., Trop intelligent pour être heureux ? L'adulte surdoué, Odile Jacob, 2008, pages 20-23 de 320.
http://wiki.zebras-crossing.org/doku.php?id=articles:zebre
http://les-tribulations-dun-petit-zebre.com/2009/07/11/pourquoi-le-nom-de-zebre/
http://www.psy.be/psycho/soi/adulte-haut-potentiel.htm
http://azimut.libre.over-blog.com/article-surdoues-intelligence-et-societe-104155739.html
https://scribium.com/helene-flaux/a/psychologie-comment-reconnaitre-un-adulte-surdoue/
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